Le sens des signes de cantilation de la Bible,
les Te'amim, ont été décryptés
en 1976 par Suzanne Haïk-Vantoura, après 2000
ans d'oubli.
Aujourd'hui, plus de 5000 versets ont été édités
dans leur mélodie originelle sans que la Clé de
Déchiffrement soit mise en défaut.
Suzanne Haïk-Vantoura, aprés plusieurs
années de recherche a trouvé la valeur musicale
réelle des te'amim, signes musicaux qui accompagent les textes bibliques
en hébreu.
Lors d'un entretien avec Alliance, elle explique comment et pourquoi
sa découverte est si extraordinaire.
Alliance - Qu'est-ce qui vous a amenée à rechercher les sens musical des "te'amim" qui accompagnent les textes bibliques ?
S.Haïk-Vantoura:
Je les avais remarqués dans la Bible hébraïque
que je lisais. J'avais vu, dans une encyclopédie musicale,
que ces signes de cantilation étaient antiques et que leur
sens musical réel était perdu. C'est cela qui avait
aiguisé ma curiosité. Je nourrissais un vague espoir
que, peut-être, cette notation recélait de vraies
et belles mélodies, mettant le texte hébreu en exergue.
A- Mais la cantilation synagogale existe, ne donne-t-elle pas
satisfaction ?
S-H-V: Les cantilations
synagogales ne constituent pas une musique. Elles se composent
de formules vocales successives, dont une des notes coïncide
avec une syllabe accentuée des paroles, les autres n'étant
parfois là qu'à titre d'ornement. Ces formules vocales
ne font que scander le texte sans la moindre logique musicale.
De plus, ces formules varient d'une communauté à
l'autre, d'un livre à l'autre!...
Il n'y a aucun lien entre ces formules inadaptées au texte
et les te'amim correctement interprétés, établis
selon un ordre déterminé.
Sachant que le sens musical des te'amim était perdu, cette
absence de musique ne pouvait me satisfaire.
Voici un exemple de la méthode traditionnelle : Passage Isaïe
A- Que sont les "te'amim" et où
sont-ils situés ?
S. H.V.-: Ce
sont des signes qui accompagnent le texte biblique et qui se placent
au-dessous et au-dessus des mots hébreux, parmi les points
voyelles et autres signes annexes.
Voici un passage du Décalogue
: Exode 20, dans lequel sont figurés, en couleur,
les te'amim.
Voici le même passage
pourvu des te'amim, tout autre signe étant supprimé.
A- Comment reconnaître les te'amim ?
S.H.V.: Voici
en désordre les te'amims: 19 signes inférieurs et supérieurs.
Ces signes prennent place dans tous les textes
bibliques.
A- Dans les textes en proses et les Psaumes ?
SHV.: C'est exact.
Il y a deux systèmes de signes: celui de la prose et, celui
des Psaumes. Le sytème de la prose comporte 8 signes inférieurs
:
simple nomenclature des signes
A- Comment avez-vous identifié les te'amim ?
S.H.V. : J'ai
procédé par étapes. J'avais observé,
tout d'abord, que les signes inférieurs ne sont jamais
absents d'un verset, alors que des versets entiers sont privés
de signes supérieurs. J'en avais déduit que les
signes inférieurs devaient être plus importants que
les signes supérieurs. Voici par exemple, un passage du Psaume 122
où ne figurent que des signes
inférieurs. ces seuls signes constituent pourtant une musique
merveilleuse (bien entendu je ne pouvais alors le soupçonner!).
Psaume 122 visuel et auditif en
Real-Audio.
Cette constatation capitale a facilité
grandement ma recherche par la suite.
Je me suis alors bornée au seul système de la prose.
Ce système comporte 8 signes inférieurs, comme je
viens de le dire. J'ai vite pensé que cela pouvait correspondre
aux 8 degrés d'une gamme, d'une échelle tonale.
(L'échelle diatonique: do, ré, mi, fa, etc... est
la plus ancienne de toutes).
Cette hypothèse me semblait confortée par la présence
d'un même signe vertical, quasi immuable, à chaque
fin de verset. Ce signe, pensais-je, pouvait avoir une fonction
conclusive, indiquer la note principale de la mélodie...
Cela me paraissait plausible, je ne me trompais pas!
A- Mais il s'agit d'un signe inférieur sur 8 !...
S.H.V. : Partant
de cette déduction, je cherchais, en m'appuyant sur la
phrase verbale, mot pour mot, si à l'hémistiche,
certains signes inférieurs revenaient souvent, de préférence
à d'autres. J'avais en vue, les deux dégrés
piliers de la tonalité, le 4 ème et le 5ème,
connus dans ce sens dés l'Antiquité, sur lesquels
une mélodie bien structurée s'arrête, se repose,
sans pour cela conclure.
Surprise, je remarquai effectivement deux signes inférieurs,
souvent présents, à l'hémistiche, qui pouvaient
remplir cette fonction. Savoir lequel des deux était le
4 ème degré, lequel le 5 ème, fut le vrai
commencement des difficultés.
Je dus alors scruter des centaines de versets... Je finis par
identifier le signe du
4 ème degré: et celui du 5ème : trois signes donc
apparemment identifiés, mais pas de certitude!..
A- Comment avez-vous procédé
pour les 5 autres signes ?
S.H.V. : Je dus dresser des tables
interminables, expérimenter un nombre impressionnant de
"tronçons" de versets: comparer même la
forme des signes. Voici finalement le sens que j'ai pu attribuer
aux 8
signes inférieurs du système de la prose.
Plus de six mois de travail ardu!... mais récompensé
! Car des bribes de mélodies valables, parfois expressives,
surgissaient...
Pour preuve, j'avais ainsi réussi à dresser l'ébauche
du Cantique de la Mer Rouge qui dure 5 minutes environ.
Les 8 signes inférieurs étaient identifiés:
les 8 notes d'une gamme. Fait intéressant la note principale,
la tonique, est une note centrale
de l'échelle, fait courant dans l'Antiquité.
A- Pourquoi n'y a -t-il pas un signe (une note) sous chaque
syllabe ?
SHV : Parce que les écrivains mélodes, qui étaient
les créateurs du texte écrit et de sa musique, utilisaient
un système fondamental d'abréviation:
toute note représentée par un signe inférieur
est valable tant qu'un signe inférieur nouveau n'apparaît
pas.
Reprenons le début du Cantique de la Mer Rouge :
les tirets que je place ici, font remarquer à l'audition
les sons prolongés sur les syllabes sans signe.
exemple visuel et auditif
A- Mais je remarque dans les Cantiques de la Mer Rouge que la 1ère note du verset n'a pas de signe correspondant. Pourquoi cela ?
SHV: Il s'agit
précisèment de la tonique, note principale par laquelle
d'ordinaire, on entonne spontanément une mélodie.
Du reste, cette note, concrétisée par le signe "
l",
est toujours présente à la fin du verset précédent.
A- Mais voici un signe supérieur sur la 1ère
syllable du verset. A quoi correspond-il ?
SHV: Les signes représentent eux aussi des "hauteurs"
de notes. Non pas fixes (constitutives d'une échelle),
mais de hauteur relative à celle du degré de base
en cours, représenté par le signe inférieur
précédent (comme les ornements dans notre notation
actuelle).
Voici ceux de la prosodie
Je fis alors la découverte du second principe de base de
cette notation si précise autant qu'abrégée:
tout signe supérieur n'a d'effet que sur la seule syllable
qu'il surmonte. Dés la syllabe suivante, le degré
de base réapparait, sans pour cela que le signe inférieur
correspondant doive réapparaître.
Partant de cette définition , un signe supérieur
peut être placé sur le début du verset.
Bien entendu,le degré qu'il représente est relatif
à la tonique,sous-entendue au début du verset.
Observez-le dans cet exemple.
Il faut vous dire aussi que la position exacte d'un signe supérieur,
en début ou en fin de syllabe ne doit pas être négligée;
au contraire, elle est trés importante.
La Clé de Déchiffrement étant appliquée,
le chant qui en résulte est toujours, plus mélodieux
et expressif que si on ne tenait pas compte de cette position
retardée. Nul n'a jamais pris en considération jusqu'ici
cette particularité de
la notation.
Les personnes intéressées par
les quelques détails afférents à la Clé
de Déchiffrement se doivent de demander le fasicule "La
Clé de déchiffrement" A- Je comprends cela. Une question pourtant
: y-a-t-il des signes d'altération ? A - Mais comment préciser aux chantres,
que telle syllabe,plutôt qu'une autre, est occupée
par plusieurs sons ? A- Mais d'où vient la cantilation
synagogale ? SHV : La cantilation ancestrale des Psaumes
ne pouvant être pratiquée hors du Temple de Jérusalem,
à la déportation de Babylone et par la suite, on
chanta dans les synagogues les psaumes, et on lut les
textes saints sur des formules passe-partout,
s'allongeant ou se rétrécissant selon la longueur
des versets. Bien qu'évasive, privée de logique,
l'interprétation de Aron Ben Ascher, le dernier maître
de l'école de Lecture Biblique de Tibèriade, s'imposa
faute de mieux: on l'utilise encore de nos jours... Mais il faut
l'avouer, c'est seulement pour les textes en prose, car les te'amin
des psaumes, eux , n'ont jamais pu être interprétés
depuis deux millénaires. A- Combien vous a-t-il fallu expérimenter
de textes divers, avant d'être sûre de votre découverte
?
à :
SHV: Non, car ceux-ci étaient
absents dans les notations anciennes. Il faut dire que les modes
utilisés dans la musique de la Bible étaient peu
nombreux. L'un d'eux particulièrement est trés caractéristique
de la musique du Proche-Orient. Il s'agit du mode de mi, comprenant,
entre la 2ème et la 3ème note, un intervalle chromatique
encore augmentée, encore utilisé en Israël.
Chant hébraïque
A- Et le rythme ?
SHV- Le rythme dans la musique biblique
retrouvée, se passe aisèment de signes particuliers.
Dans la Prosodie, il est lié à celui des mots, ceux
portés par la mélodie, que scindent les accents
toniques expressifs. Les durées, en ce cas, sont indéterminées,
intraduisibles.
Dans la Psalmodie, c'est le contraire, parce que toutes les syllabes,
ont une durée équivalente: que cette durée
soit occupée par un ou plusieurs sons.
(C'est d'ailleurs le principe de la poétique orientale).
SHV: Certes, et d'autant plus qu' au
temps de David et Salomon, pas moins de 288 chantres-instrumentistes
entonnaient les Psaumes dans les services sacrés. Bien
entendu, les chefs de chantres, comme nos chefs d'orchestre actuels,
battaient le temps, marqué alors par les percussions.Mais
il faut ajouter que ceux-ci dirigeaient selon la gestuelle musicale
précise de David, indiquant que telle syllabe, plutôt
qu'une autre, était occupée par plusieurs sons
( d'autres gestuelles plus anciennes existaient alors bien moins
précises).
planches
Cette gestuelle était une réplique vivante de la
notation dénommée dans les textes, au cours des
siècles suivants, "Selon les mains de David".Psaume 24
v.6 et 7.
Le temps de David et de Salomon fut la période d'or de
la musique des Hébreux.
A-Cette façon de faire si particulière a-t-elle
pu perdurer pendant des siècles aprés les bouleversements
que subirent les Hébreux ?
SHV: Oui, car les Lévites étaient de père
en fils musiciens, et cela jusqu'au début de notre ère.
Des écrits historiques dénotent que la musique cultuelle
des Hébreux garda une haute valeur jusqu'au 1er siècle
de notre ère, bien que l'effectif des lévites musiciens
dans les services sacrés ait fortement diminué (
seulement 12 instrumentistes et 12 chantres dans les services
sacrés au temps de Jésus- Christ).
Les te'amin disparurent progressivement. C'est au 8eme siècle
qu'ils réapparurent dans les textes bibliques. Mais la
valeurs des signes semblait alors irrémédiablement
perdue.
Les Massorètes de Tibèriade et de Babylonie les
utilisèrent à nouveau dans les manuscrits, le contexte
politique étant plus favorable dés le début
du 9 eme siècle. (Voir Musique de la Bible Révélée
et Données Complémentaires).
Et on continue, dans les synagogues, à chanter les psaumes
avec les formules répétitives dont je viens de parler!..
Et de plus, fait navrant dans la plupart des rituels de la synagogue,
les signes de la psalmodie ont été enlevés
à défaut de les comprendre, alors que la musique
des psaumes est d'une telle puissance d'expression que toute la
terre devrait la chanter pour s'associer à la Foi de David
, dont le message est universel.
SHV: Plusieurs centaines de versets
tout d'abord qui n'étaient pas divulgués, mais c'est
surtout le travail accompli depuis la divulgation de ma découverte
en 1976, qui est indiscutable. Car plus de 5000 versets sont maintenant
réalisés avec leur musique. Et ma Clé de
Déchiffrement ne s'est pas démentie une seule fois.
La voici limitée à la seule tonalité de mi
, note centrale ou
tonique.
Je vous invite à fouiller la question, en consultant mon
eouvre mentionnée sur le présent site, notamment
le recueil intitulé "La Clé de Déchiffrement",
le Livre initial "La Musique de la Bible Révélée"
et les "Données Complémentaires" 1996
qui vous éclaireront.
A- Aprés toutes ces années de travail et de découvertes
exaltantes quelle conclusion faites-vous ?
SHV: Pour les raisons que je viens de dire, il est trés
regrettable que l'interprétation des te'amim soit ignorée,
sinon déniée, par la Synagogue en général.
D'autre part, j'ai la conviction d'avoir fait revivre à
ce jour la plus ancienne notation musicale connue qui, outre la
valeur de la musique qu'elle réinsère dans notre
contexte moderne, précise la syntaxe biblique de façon
unique.
Les auteurs des textes bibliques, écrivains-mélodes,
créaient eux-même les mélodies de leurs textes.
C'est pourquoi, elles expriment si bien le sens des mots, les
exaltant même.
Que tout cet apport à l'Humanité soit irrémédiablement
perdu m'aurait causé un chagrin immense. Ce n'est plus
le cas maintenant puisque , grâce à Internet et à
l'intérêt que vous portez à ma découverte,
cette musique doit s'intégrer finalement dans notre patrimoine
humain.
Mon voeu est que ce soit pour le bien et le bonheur de chacun
jusqu'à la fin des temps.